Terminus Delta

Début novembre, l’agence, au travers de Maxime, a posé son regard au terminus de l’Europe : le Delta du Danube. Objectif de cette session en Roumanie : un travail photographique autour du paysage et du portrait, accompagné par Ljubisa Danilovic, photographe indépendant, dont le dernier livre « Georgia » est un magnifique regard sur la migration.

C’est dans le bourg de Sulina que nous nous arrêtons, là où le Danube termine sa route en se jetant dans la Mer Noire. Quelque 60 km plus en amont, il s’est ramifié en 3 bras, constituant le Delta, zone marécageuse de près de 6000 km2. Depuis le port de Sulina, on pourrait encore apercevoir sur l’autre rive, un peu plus en aval, l’ancien phare s’il n’était envahi par une forêt de roseaux. Posé aujourd’hui sur les terres, il marque le point zéro du Danube, le terminus de l’Europe. De là les cargos empruntent le chenal qui les conduira en mer Baltique.

Les habitations sont construites de part et autre de ce bras central du Danube. Sur la rive gauche, le quartier des pêcheurs ; aucune boutique ou magasin ; pour rejoindre l’autre rive, c’est avec un passeur, en barque à moteur. Sur la rive droite, le bourg centre, construit autour d’un plan en quadrillage, se termine à la 5eme rue. Du quai du Danube à la dernière travée, tout au plus 300 m. Seules les 3 premières rues sont en pavés de béton ; les autres ne sont que terre.

En ce mois de novembre, pas de touristes. Quelques magasins d’alimentation ouverts ; pas plus de restaurants. 2 cargos sont stationnés sur le quai. Les hommes d’équipage entretiennent le bateau et nettoient les ponts. Sur la place centrale, le café, point de rendez-vous des pêcheurs et marins. Seules quelques voix portent jusqu’à nous. Le soir, tous auront repris leur route.

On emprunte la 3eme rue, bordée de petites maisons en bois peint. Elles apparaissent derrière de jolis jardins pleins de fleurs, de treilles de vigne et autres épis de maïs. Les habitants font un signe de tête à notre passage, avec un petit air amusé. Progressivement, les maisons disparaissent au profit de grands espaces où chevaux et vaches paissent, en toute liberté, quelques herbes sèches. Au bout du chemin, la plage. Son aménagement nous laisse entendre que l’été, elle doit être bondée. Pour l’heure, elle est déserte ; seule la Mer Noire profite de son sable fin. Le vent et les vagues font leur vacarme. Là, l’horizon se confond : ciel, mer, terre, on ne sait plus.

A bord d’une barque, nous pénétrons dans un étroit canal, bordé de roseaux. Rapidement, le chemin d’eau se divise. Envahis de roseaux géants, de saules noueux qui pleurent les pieds dans l’eau, de lentilles d’eau vert-fluo, ces entrelas de canaux de plus en plus étroits laissent la barque se frayer son chemin. A gauche et droite, les roseaux touffus suivent le mouvement du vent tandis qu’au-dessus de nos têtes, les branches forment une voûte où la lumière a du mal à percer. Accrochée à un ponton de bois vermoulu, une barque attend. L’envol d’un butor étoilé ou autre oiseau inconnu vient troubler le silence de l’instant.

Brume du petit matin, soleil clair de la mi-journée, levée de lune, chaque instant de la journée rend la lumière propice au déclenchement photographique. Les paysages tout autant. Tout ici est à photographier. On saisit alors la difficulté : comment être photographe-voyageur et non voyageur-photographe. Autrement dit : comment ne pas photographier le paysage pour sa beauté évidente mais plutôt tenter de transmettre l’esprit du Delta, l’impression qu’il suscite, le ressenti qu’il dégage ?

L’ambiance permanente est douce, lente, empreinte d’une certaine mélancolie et d’une grande solitude. Derrière les sourires et les approches très conviviales, qu’est ce qui se cache derrière les regards plissés qui fixent le lointain…

Près de 2000 clichés ; 98 choisis à ce jour. L’histoire « juste et vraie » du Delta, celle que nous avons perçue, reste à raconter !

Texte et photographies – Agence Album – Maxime Massa

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